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Le goût de la cerise - Abbas Kiarostami - 1997


kevo42

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Un film très différent du spécial Lagaf de janvier 1994.... et pourtant si on en croit la bande annonce, c'est aussi produit par Bouygues. Disons que ce n'était pas pour le même public.

 

 

En Iran, un homme en voiture arpente les routes qui bordent des carrières. Il veut se suicider et cherche quelqu'un qui pourrait l'enterrer quand il sera mort. Pas facile en Iran, où le suicide est un péché qui peut vous damner.

 

 

le_gout_de_la_cerise.jpg

 

 

 

J'avais vu ce film à sa sortie et il m'était passé au-dessus de la tête. Maintenant que je suis un vieil homme, je comprends mieux, mais c'est loin d'être mon Kiarostami préféré. Il est par ailleurs toujours chic de pouvoir dire que l'on a un Kiarostami préféré.

 

Ce film minimaliste reprend presque le dispositif d'under the skin de Jonathan Glazer. Un homme, dans sa voiture, tourne en rond en voiture, et accoste des hommes au hasard, leur proposant un mystérieux travail. Au début, on peut penser qu'il veut coucher avec, mais il veut juste être enterré. C'est donc finalement un peu l'opposé d'under the skin, puisque c'est lui qui veut aller dans un gros trou noir. Malheureusement, n'est pas Scarlett Johanson qui veut et les gens sont très récalcitrants.

 

Le film est bien sûr très métaphorique. Il rencontre un soldat, un religieux, un taxidermiste qui jeune a voulu se suicider mais a finalement renoncé, émerveillé par la nature. Ce qui est assez intéressant (enfin vite fait), est que le soldat et le religieux sont jeunes, encore en formation. Leurs arguments sont maladroits. Le taxidermiste est plus assuré, et a une approche plus concrète de la mort.

Autre métaphore, l'homme tourne en rond au milieu de routes désertes où la terre est manipulée. A l'époque les critiques expliquaient qu'il tournait en rond, parce que l'Iran est un régime oppresseur où l'on se sent enfermé.

Pour autant, Kiarostami donne volontairement très peu d'éléments sur le personnage principal. On ne saura jamais pourquoi il veut tellement mourir, ni qui il est. Je ne sais pas trop pourquoi : est-ce pour montrer que les gens sont assez dogmatiques, et vont donner leur avis sans se poser la question de pourquoi les gens veulent mourir ? Ou autre chose ? Globalement, tout le monde est étonnamment sympathique et patient avec ce mec énigmatique et pas franchement sympathique, qui franchement pourrait tout à fait être un tueur en série.

 

Est-ce que je conseillerais de voir ce film ? Je ne sais pas. C'est un film minimaliste. Le fait que Kiarostami refuse la psychologie du personnage principal rend étrangement le film encore plus théorique, car il n'y a pas d'identification ni de réelle empathie possible. Pour autant, le fait que les interlocuteurs du personnage principal soient un peu cons fait que ce n'est pas non plus une sorte de dialogue socratique. Du coup, je ne sais pas spécialement ce que cherche à faire le réalisateur. Si on le regarde en parallèle avec Ten (où l'on suit une journée dans la vie d'une femme à partir des conversations qu'elle a dans sa voiture avec différentes personnes), on peut y voir un portrait de la société iranienne. Et c'est pas inintéressant, notamment dans la place qu'il accorde aux communautés immigrées en Iran, ou par le regard très inhabituel que cela donne sur ce pays. Mais ce n'est pas non plus ultra marquant.

 

Donc, bref, un film qui m'a laissé un peu extérieur. Je comprends le délire, mais ce n'est pas vraiment le mien.

 

 

 

 

 

 

Modifié par kevo42
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