
Un doc signé Ferrara sorti cet été et passé complètement inaperçu (je suis moi-même tombé dessus par hasard).
Enfin, quand je dis "sorti", je me comprends : dans la mesure où il n'a disposé que d'une poignée de séances à Paris - j'ose à peine imaginer ce qu'il en a été dans le reste de la France.
Je l'ai ainsi vu au sein d'une assistance des plus clairsemées, dans une salle du MK2 Beaubourg à peine plus vaste que mon salon.
Le film, tourné lors du passage de Abel à Toulouse (à l'occasion d'une rétrospective à la Cinémathèque locale), le voit profiter de l'événement pour y donner, avec son groupe, quelques shows durant lesquels il reprend des morceaux composés pour ses films.
L'occasion de dérouler une partie de sa carrière et présenter quelques-uns des membres de son gang.
Ça, c'est pour la théorie.

Dans les faits, on a l'impression (mais est-ce seulement une impression ?) que Abel navigue à vue et que si l'idée d'un doc était présente au départ, elle ne l'a, au fur et à mesure des jours, plus trop intéressé. Ou qu'il n'a jamais su quelle direction, au juste, lui donner.
On se retrouve, ainsi, assez rapidement à visionner une succession de répétitions plus ou moins maîtrisées, de bouts d'interviews variablement intéressantes et débuts de confessions qui tournent inévitablement court - le réal, même désormais sobre, semblant perpétuellement évoluer au sein d'une atmosphère de chaos qui effrite tout ce qu'il approche (à se demander comment il a seulement pu mener à bien autant de films).
Le fan pourra y trouver - un peu - à manger en voyant, par exemple, évoluer une figure aussi essentielle que Joe Delia (vieux compagnon de route et compositeur sur la plupart des films d'Abel depuis Driller Killer). Ou en picorant quelques anecdotes rigolotes, telle l'absence de Schooly D, pour des raisons pas tout à fait éclaircies.
Pour autant, le rythme n'étant pas des plus trépidants, on en vient, malgré la courte durée de l'ensemble (1h20, générique compris), à trouver le temps longuet et à s'interroger sur la réelle pertinence de ce qu'on regarde.
D'autant que la musique de Ferrara et son backing band (pseudo blues pas très inspiré) n'a pas forcément de quoi faire se soulever les foules - fut-elle uniquement composée d'admirateurs transis.
De quoi d'autant plus tirer son chapeau au distributeur prenant le risque de présenter telle incongruité en salles.
