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Sous le soleil de satan - Maurice Pialat - 1987


El rectificador

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Avec : Gérard Depardieu, Sandrine Bonnaire, Maurice Pialat, Alain Artur, Yann Dedet, Brigitte Legendre

Réalisateur : Maurice Pialat

 

La jeune Mouchette, 16 ans, tue son amant. Tout le monde pense que le défunt s'est suicidé. Mais l'adolescente ressent le besoin de confier son crime à l'abbé Donissan, le vicaire du village. Une relation étrange, malsaine et fallacieuse se noue entre eux.

 

Tout le cinéma de Maurice Pialat est résumé là, dans cette indécision des êtres, dans cette difficulté qu’ils éprouvent à se connaître eux-mêmes et à trouver un équilibre, un sens à leur vie. C'est tout simplement une interprétation du "sacré" d'après l'oeuvre de Bernanos que je vous conseille vivement par la même occasion.

Sans sacré, l’homme moderne est à la fois autonome et solitaire, délivré et désenchanté, souverain et impuissant, partagé entre ce qu’il ne peut plus croire et ce qu’il voudrait cependant espérer. Aujourd'hui l'homme sans croyance se dira plus facilement agnostique qu'athée, ne niant pas l'existence, niant simplement sa compréhension. Dans ce film, Pialat utilisant l'oeuvre fondatrice de Bernanos nous propose simplement l'ébranlement de la certitude devant le rationnel, comment la foi, en tant que telle peut-elle sauver de la folie une jeune criminelle, si belle au demeurant...

Pour Pialat, le trouble est d’autant plus grand qu’il associe le sacré, à une manipulation de la fragilité humaine ainsi qu’à une voie qui amènerait son personnage, par des signes et par le silence, à une disposition d’émerveillement et de réceptivité, même s’il lui en coûte. L'homme de foi se laisse corrompre par l'humanité de la jeune Mouchette et comprend que cette foi ne sera pour lui en aucun cas le Salut mais simplement un sacerdoce long et pénible.

Pialat filme les rapports humains dans des situations extrêmes, le dénuement, l'exclusion ou la marginalité, la maladie et la mort. Il installe ses personnages dans des situations de crise et d'affrontement que sa caméra incisive suit avec une attention qui devient parfois cruauté. C’est donc tout naturellement qu’il décide de confronter l’un de ses personnages au sacré, pour le mettre en péril, et filmer son tourment. Car " Le sacré demeure fait pour l’homme et non l’homme pour le sacré ", selon le célèbre verset de l’Evangile de Jésus-Christ sur le sabbat (Marc II, 27). On ne s’approche jamais du sacré sans mourir. Certains personnages touchés par la grâce, souffrent. On peut parler de " coup de grâce ", ou plus justement de " la grâce qui coûte ", celle qui transcende certes, mais aussi celle qui, à double détente, tue, comme le taureau dans l'arène à qui l’on porte l’estocade finale après avoir testé sa bravoure face aux piques, aux banderilles et à la " muleta ". Le personnage de Gérard Depardieu dans Sous le soleil de Satan, illustre parfaitement cette comparaison au taureau. Comme lui, il va vers sa " grâce suicidaire " avec bravoure, il l’anticipe même en se flagellant. Pourtant il existe une différence, l’abbé sacrifie sa vie à sa grâce, alors que le taureau est sacrifié par d’autres.

 

Un film profond qui donne envie de connaître un auteur tel que Bernanos, qui, je vous le certifie, est un auteur grandiose...

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