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Saul fia - László Nemes (2015)


riton

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Le film montre, début octobre 1944, deux journées de la vie de Saul Ausländer, prisonnier juif hongrois à Auschwitz. Il fait partie du Sonderkommando de l'un des fours crématoires, groupe d'ouvriers strictement séparé du reste du camp et qui, tout en attendant leur propre exécution à tout moment, est forcé de participer à la crémation et à la dispersion des cendres des victimes de l'extermination massive.

 

 

aka Le fils de Saul.

 

Le film s'ouvre sur un plan totalement flou. Puis Saul entre dans la zone de netteté, et entraîne la caméra - i.e. le spectateur - avec lui. Tout le film est tourné ainsi : en caméra ostensiblement subjective, mais qui n'est pas les yeux d'un protagoniste. Ce sont nos yeux qui suivent Saul à la trace, les yeux d'un témoin de son cheminement.

Le problème majeur, c'est que nous sommes des témoins foutrement myopes. Car pendant la grande majorité du film, la profondeur de champ peut se mesurer à l'aide d'un double décimètre. On suit donc les épaules de Saul, la casquette de Saul, le menton de Saul... autour duquel les gens se font massacrer, les cadavres nus s'empilent avant de passer au crématorium. Evidemment, sur les bord du cadre étriqué, dans le flou on devine le carnage ; dans une certaine mesure, car le film est tourné en 1.37, probablement pour cadrer au plus serré sur les visages.

On imagine que la raison qui a poussé à ce choix est le refus de tomber dans l'exploit, la volonté de "rester décent". Mais alors, pourquoi avoir mis en place un dispositif esthétique qui crie à pleins poumons sa volonté de prendre le spectateur à témoin si c'est pour en montrer le moins possible ? Cette contradiction profonde ne cesse de souligner la faiblesse du projet tout au long du film.

Ce refus d'essayer de représenter, cette tiédeur dans l'approche nous laisse avec ce qui n'est au final qu'un gimmick. Et un gimmick d'une heure 45 c'est long pour un tel sujet.

A la limite, un travail plastique brillant sur la matière du flou aurait pu redonner sens à tout ça, mais il n'en est rien.

J'ai beaucoup entendu que le film de Nemes était immersif : j'ai pour ma part eu une impression toute contraire.

 

J'avais aussi entendu à la radio le réalisateur dire son admiration pour Requiem pour un Massacre (au moins il a bon goût). Mais ce qui fait la force exceptionnelle du film de Klimov, c'est sa poésie, sa violence tétanisante, son effrayante horreur. Certainement pas un dispositif amputé par le désir d'être convenable.

 

En bref : epic fail.

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Bon bin j'en sort et je suis à 10000% d'accord avec ce que tu viens d'écrire.

 

Je rajouterais qu'en plus que le protagoniste principale est un fiéfé connard qui mets tout le monde dans la merde tout ca pour qu'un magicien puisse citer des incantations à un gosse qui n'est même pas le siens. (métaphore tout ça)

 

J'ai détesté.

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  • 9 months later...

Alors apres en avoir entendu de tres mauvaises choses de partout, je me suis personnellement pris un gros coup dans la tronche. J'apprehendais vachement le gimmick visuel, mais j'ai jamais eu le probleme de trouver ca trop lourd a la longue. Maintenant j'ai vu ca sur petit ecran et peut-etre que ca joue vu que les gros plans ca a un effet tout a fait different un ecran de cinema (et je suis de ceux qui n'apprecie pas leur usage contre-productif au cinema). Mais donc là je n'ai pas laché le film des yeux une seule seconde. L'acteur est monstreux, et son personnage comme le dis Cyril, est completement anti-heroique, fait supremement rare dans ce type de film. Ca m'a foutu les boules pendant un moment.

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