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Crever pour Vivre & J'ai besoin d'amour - Klaus Kinski


Jeremie

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Deux autobiographies et pas des moindres : tout est là, dans sa forme la plus brut, la plus détaillée, la plus déchainée possible.

N'ayant pas encore débuter la lecture de Crever pour vivre (sortie en 1976), je ne sais pas exactement quelle est la différence entre les deux œuvres : sortie en 1988, J'ai besoin d'amour couvre toute la vie de Kinski jusqu'à la fin des années 80, c'est à dire avant la réalisation de son film Kinski Paganini et sa mort en 1991. Autant dire que ça risque d'être redondant tout ça

 

"Vous êtes la vie, la vie qui bat, la vie que l'on oublie...vous avez la crinière du lion, le regard de l'aigle, le sourire du loup, la beauté farouche de la mer en furie et la laideur sauvage de la lave en fusion, rouge sang, d'un cœur qui coule au flanc du sombre volcan...

Vous êtes homme, peut-être comme ceux dont on parle encore, mais dont on ne se souvient plus...de la légende...l'être humain..."

 

On est jeté sans aucune introduction au coeur de ce pavé de chair ma foi bien conséquent, dont les premiers chapitres concernent principalement l'enfance de Kinski (dans les années 30), qui grandit dans une famille extrêmement pauvre. Le parcours du jeune Kinski ferait passer celui d'Oliver Twist pour une cueillette à la violette, tant les péripéties hallucinantes (un larcin foireux avec une cheville pétée, un séjour dans un asile d'enfants, les larcins risqués dans les jardins...) et les détails estomaquants fleurissent de paragraphes en paragraphes. Puis vient la guerre, et la rencontre avec le théâtre et les prémices de sa carrière d'acteur : en jouant ou en récitant Villon, Rimbaud ou Cocteau, il devient vite une star. Il s'agit pourtant plus d'un gagne pain que d'une passion, ce qui ne l'empêche pas d'aller voir des déments sous électrochocs dans les asiles pour pouvoir simuler plus tard une crise d'épilepsie, ou de descendre dans les caveaux pour y capter la peur de la mort.

 

Ce n'est pas une surprise : Kinski est une force de la nature (il se plaît à dormir dans des conditions improbables et va jusqu'à se trancher la gorge avec un couteau parce qu'il n'a plus le temps de faire crever son abcès chez un médecin), un animal furieux et incontrôlable qui n'éprouve que de la tendresse pour sa famille, les femmes...et les animaux. Le reste, ça se complique

 

On abandonne l'odyssée misérabiliste pour une succession de scènettes pornographiques incessantes (ça baise à toutes les pages) où Kinski nous fait très vite comprendre son goût immodéré pour la gente féminine. Et ça ne loupe pas, elles tombent comme des mouches (certains se demanderont bien pourquoi...) et les descriptions, d'une crudité sans limite, maculent les pages de sperme et de cyprine.

 

"Qu'elles soient vieilles, jeunes et même très jeunes. Putes ou vierges. Sourdes, muettes ou aveugles. Grandes ou petites. Maigres ou grosses, Bêtes ou intelligentes. Avec de gros seins ou de minuscules bourgeons. Un gros ou un petit cul. De petites dattes ou des prunes lourdes et mûres. La femme enfant du viet-nam ou la princesse bédouine. Les riches ou les pauvres. Les gitanes, les négresses, les esquimaudes et la fille d'Amin Dada. Qu'elles soient brunes ou blondes. Elles sont toutes la magie merveilleuse grâce à laquelle la vie existe. Elles nous donnent naissance. Nous nourrissent. Nous protègent. Nous satisfont. Nous élèvent. Nous rendent meilleurs."

 

C'est evidemment hallucinant, parfois drôle (dès qu'une femme fait son apparition, on peut être sûr qu'elle sera forcément baisée au bout de quelques lignes ), parfois too much (nombre de partenaires sexuelles effarants, récits quasi felliniens comme la pute géante en Inde, et on ne compte même plus les fois où Kinski chope des MST), parfois franchement scabreux : ado, Kinski manque de se taper sa soeur et un passage entier concerne des scènes de séductions avec des gamines de 12 ans

 

Au milieu, des tournages qui le mènent à la gloire, mais dont il se fichent éperdument : quel que soit le réalisateur ou le scénario, Kinski se fiche complétement de ce qu'il tourne, n'y prends aucun plaisir et n'accepte que quand le cachet est suffisamment élevé. Une pratique qui a tendance à le rendre de plus en plus odieux au fil des pages, le menant à refuser des projets de Spielberg (qui le voulait pour Les aventuriers de l'arche perdue, sauf que Kinski considérait que le scénario était une grosse merde), Ken Russell (pour qui il a failli jouer Beethoven), Visconti (qui le voulait pour Les damnés), Caviani, Pasolini (pour Porcherie), Fellini, Lelouch (pour Les uns et les autres), Coppola...

L'hallu

 

Jamais une seule fois, jamais un metteur en scène n'a été fichu de me donner autre chose que de la merde et de la puanteur.

 

Les évocations d'Herzog font evidemment parti des éléments les plus houleux du livre : dès la première rencontre, Kinski l'a détesté de toutes ses forces. Le tournage d'Aguirre fut un chaos indescriptible (il faut vraiment le lire pour le croire), de même que les tensions entre Klaus et Werner, apocalyptiques.

 

Je lui dis en face que j'espère le voir périr comme le lama qu'il a exécuté. Qu'il faudrait le jeter vivant aux crocodiles ! Qu'un anaconda le strangule lentement. Que le dard d'une araignée mortelle paralyse sa respiration. Que son cerveau éclate sous la morsure la plus venimeuse de tous les serpents. Mais qu'une panthère lui déchire sa gorge avec ses griffes : ça serait trop bon pour lui. Non. Des grosses fourmis rouges pourraient lui pisser dans les yeux, lui manger les couilles, pénétrer dans son trou du cul et lui bouffer les tripes. Vivant ! Qu'il attrape la peste. La syphilis ! La lèpre ! La malaria ! La fièvre jaune ! En vain. Plus je lui souhaite la mort la plus horrible et le traite comme la lie de la terre, ce qu'il est, moins je peux me débarrasser de lui.

 

Kinski accepte Fitzcarraldo, Nosferatu et Woyzekz car il avait complétement oublié l'existence d'Herzog et ça recommença de plus belle L'expérience de Woyceck détruit complétement Kinski, épuisé par son rôle de mari meurtrier.

Les bisseux seront ravis d'apprendre qu'il s'est tapé presque tout le casting féminin des Fruits de la passion (dont une française qu'il surnomma "La chatte crémeuse" : humm, Arielle ? ) et de Madame Claude.

 

Beaucoup de haine, de colère, de chaises qui volent, de foutre...et puis beaucoup, beaucoup d'amour lorsque Klaus Kinski évoque son fils Nikolai, qu'il sublime à toutes les lignes dès son apparition dans les pages du pavé. C'est curieusement aussi touchant qu'envahissant, assez répétitif, mais évocateur de la passion absolu qui lui vouait (plus forte que celle qu'il portait à Nastassja, issue d'une mère différente). Les dernières lignes m'ont mis la larme à l'oeil, pfiou.

 

Je ne mourrai jamais. Je ne peux être sauvé que par toi. Tu es la vie sauvage, le ciel, les nuages, les étoiles et les vents, et les forêts. Tu es les montagnes, le désert, le jour et la nuit, et le soleil, et la glace, et la mer. Ne sois pas triste. Je suis les nuages et les étoiles et les pierres et le sable et la neige, et le soleil, la pluie et le feu, la montagne, la mer et la tempête...

 

De la bombe H

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Toutes les vidéos d'interview que j'ai pu voir jusque là sont en allemand...mais bon, voilà les deux plus connues : sa gueulade à Cannes (avec une chouquette ) et celle pour sa présentation de J'ai besoin d'amour avec Mourousi.

 

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Cardinale à propos de Kinski : "il était très doux avec moi". Tu m'etonnes, il avait envie de te fourrer surtout

 

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Un autre passage au festival de Cannes, où il explique sa conception de la comédie :

http://www.ina.fr/cannes/1978-1996/video/CAB7900842001/klaus-kinski-au-festival-de-cannes.fr.html#xtor=AL-3

 

Et sinon une tirade du livre très modeste

 

Les vrais paysages, je les porte en moi. Les paysages de l'âme. Les paysages de tous les regards. Les paysages de toutes les pensées. Les paysages des moindres expressions, les paysages sous toutes leurs formes, continuellement et éternellement changeants. Les paysages des planètes entières. Les paysages de tous les cieux. Les paysages du fond des océans. Je cours à travers. Je vole dedans. Je suis un poisson géant. Un puissant oiseau. Je suis le vol de tous les oiseaux du monde. Je suis au fond de la terre, dans des paysages de cristaux, de minéraux, de métaux, de sources et de volcans. Je m'étends à la pointe des racines et des arbres, des plantes, des fleurs. Dans leurs corps et leurs visages. Je m'étale dans les couleurs de tous les papillons. Je suis l'odeur et les effluves des grands chats. Je suis dans l'oeil du loup. Je suis dans les feux farouches et dans la clameur des falaises et de la glace. Tous les océans, tous les cieux et toutes les étoiles, les nuages, les vents, les tempêtes. Je suis la musique. Je suis un opéra, Un Aria. Un chant, Je suis les notes. Je ne veux pas de livres. Je suis le roman. La nouvelle. Je suis le poème. Je suis le conte de fées. Je suis l'abolition du temps. L'abolition des sexes. L'abolition du bien et du mal.
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Lu y a trés longtemps sa biographie "Crever pour vivre" où j'ai le souvenir qu'une page sur deux était constitué de la description de ses multiples coucheries

 

Werner Herzog déclarera alors : "Je ne connais rien de sa biographie, il en a écrit une lui-même, mais tout y est inventé y compris les horreurs qu'il crache sur moi, que nous avons imaginé ensemble pour qu'elles soient le plus horribles possible."

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C'est du lourd quand même là

Seulement, là où c'est contrariant, c'est qu'Herzog peut très bien dire des conneries aussi (qui le contredira ? Kinski est mort de toutes façons). Ce qui est bidonné et ce qui ne l'est pas...on ne le saura jamais de toutes façons.

Quelle bande de tarés

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  • 2 weeks later...

J'ai besoin d'amour c'est extraordinaire Concernant le personnage j'aime beaucoup aussi le doc Mein liebster Feind ou Herzog évoque Kinski à coup d'images d'archives et d'anecdotes croustillantes et Jesus Christus Erlöser le "One man show" ou Kinski en mode Jesus la diva schizophrène se fait insulter pendant 1h30 par des hippies et bien sûr ne se prive pas de leur chier dessus en retour

 

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  • 2 years later...

Une des filles de Kinski va publier sous peu un bouquin qui risque de ne pas arranger l'image de ce taré de Klaus, et qui aurait abusé sexuellement d'elle plus d'une fois

 

Earlier today, in an interview with German newsweekly Stern, Klaus Kinski’s eldest daughter, Pola Kinski, now 60, accused the late film icon of sexually abusing her.

 

Kinski told the magazine, which hits the stands tomorrow, that her father, who died in 1991, molested her from the age of five until she turned 19. He raped her, she claims, and would then buy her expensive gifts to assuage his guilt.

 

Ms. Kinski is about to publish a tell-all book she has written about her father, and said she wished to put an end to the cult of personality surrounding the wildly bi-polar cult thespian, best known for his roles in Werner Herzog’s Fitzcarraldo and Aguirre, the Wrath of God:

 

“I was sick of hearing, ‘Your father! Great! Genius! I always liked him.’ Since his death, this adulation has only got worse.”

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